dimanche 28 août 2011

Gracias !!

Et voilà, après toutes ces belles aventures, le trip est maintenant terminé. L'avion qui nous emmène loin de tous ces nouveaux amis que nous avons rencontrés en chemin, ceux qui nous ont accueillis et aidés, nous ouvrant grand leurs maisons et leurs cœurs, nous permet aussi de retrouver familles et amis qui nous ont manqués et que nous avions hâte de retrouver. Après des retrouvailles intenses et une réadaptation tout en douceur, nous retrouvons peu à peu les sentiers battus hors desquels nous nous étions aventurés. Une chose est sûre, nous n'avons pas suivi notre plan de départ mais à y regarder de plus près, ce sont sans doute tous ces imprévus, ces détours et trajets non planifiés qui nous offerts les plus belles surprises du voyage. Petit à petit, nous avons laissé la route nous prendre et nous emmener à travers des paysages grandioses, vers toutes ces rencontres et ces expériences qui ont fait notre voyage. C'est sans doute ce qui nous manque le plus aujourd'hui au quotidien, ne plus être sur la route. Ne plus être en chemin vers de nouvelles aventures, de nouvelles rencontres. Se lever chaque matin en sachant que chaque jour est différent et qu'il apportera avec lui son lot de surprises, de rencontres, de déconvenues et de découvertes. Dans le fond le plus dur c'est de ne plus avoir le temps de prendre son temps, de s'arrêter quand on veut et où on veut et de repartir quand bon nous chante, et se laisser porter, là où la route veut bien nous mener... Avant que la route ne nous appelle à nouveau (et elle nous appellera, ce n'est qu'une question de temps !), nous retournons profiter avec plaisir de nos montagnes pyrénéennes. On vous quitte donc sur ces quelques images : le meilleur de notre périple condensé en 5min, en espérant que ça vous donne aussi l'envie de partir un jour !
Encore un grand MERCI à tous ceux qui nous aidés et soutenus de près ou de loin dans cette grande aventure !

vendredi 27 mai 2011

(a)Mar del Plata y Nuevos Aires

Lorsque nous débarquons à Mar Del Plata au petit matin, le choc est violent. Après ces quelques semaines passées à vadrouiller sur les routes désertes de Patagonie, cette station balnéaire et son front de mer aux immenses buildings semblent tout droit sortis d'un cauchemar. Heureusement pour nous l'hiver arrive et il n'y a plus grand monde dans cette ville de plusieurs centaines de milliers d'habitants désertée par les touristes. Nous ne croisons que quelques retraités, seuls privilégiés à pouvoir profiter du redoux offert par l'automne sur les immenses plages de la côte Atlantique. La baignade n'étant pas de saison, on les retrouve souvent s'adonnant à une espèce de pétanque locale, le tejo (très différent du tejo colombien), qui se joue non pas avec des boules mais avec des palets, mais qui n'en déchaîne pas moins les passions. Étape essentielle avant d'affronter le tumulte de la capitale Argentine, Mar del Plata nous aura surtout permis de profiter tranquillement de ces quelques jours pour renouer avec la civilisation moderne. En effet, plus question ici de cuisiner au feu de bois ou de se laver à l'eau froide !

Puis nous embarquons pour Buenos Aires à bord d'un train, ce sera la dernière étape avant la fin du voyage. Un peu déboussolés à la descente du train, nous trouvons assez facilement où loger. Peut-être un peu trop facilement car cet endroit s’avérera être un des pires -si ce n'est le pire- hostal où nous avons séjourné durant ces quelques mois. L'avantage c'est qu'au moins ça nous pousse à sortir découvrir cette ville qui par ses accents si profondément européens nous rapproche déjà un peu de chez nous. Entre architecture moderne et coloniale, les grandes avenues de la ville ne sont pas sans rappeler celles du vieux continent et Buenos Aires est bien à la hauteur de sa réputation de "ville la plus européenne d'Amérique du Sud". Hormis les notes de tangos et l'accent bien particulier des Argentins, on pourrait presque se croire déjà de retour en Europe ! Mais elle est aussi profondément latine et sans doute l'une des plus cosmopolites du monde. Fondée il y a plus de 400 ans, Buenos Aires concentre la vie intellectuelle, économique et politique du pays. Ce petit bout d'Europe des Amériques bâti dans la pampa vide et plate conserve le charme d'une ville où le temps se serait arrêté aux années 60. Et bien que la crise ayant touché le pays au début des années 2000 soit encore bien présente dans les esprit (ou sur les murs recouverts de graffitis des banques-bunker du quartier financier), c'est aujourd'hui une ville où il fait plutôt bon vivre.
Nous découvrons donc au gré de nos balades les différents quartiers du centre historique de la ville. Nous parcourons d'abord les rues du quartier de Monserrat où se trouvent la plupart des édifices important de Buenos Aires, notamment le palais présidentiel, la "Casa Rosada" qui doit son nom à sa couleur rose obtenue grâce à un mélange de chaux et de sang de bœuf. Les rues du quartier de San Telmo rappellent quant à elles la grande époque du colonialisme, ici les bâtiments ont été parfaitement préservés et les petites rues pittoresques sont encore recouvertes de pavés. On y découvre les nombreux cafés anciens ainsi les brocantes et magasins d'antiquités en tous genres qui font la renommée du quartier. Le contraste avec le quartier adjacent de Puerto Madero, ancien port devenu obsolète et reconverti en quartier résidentiel très moderne, est saisissant. C'est là que se trouve l'un des plus grands espaces verts de la capitale : la "Reserva Ecológica de Buenos Aires". Située sur des terrains gagnés sur le río de la Plata dans les années 1970/80, en y déversant les gravats résultants des nombreuses démolitions ayant eu lieu dans la ville lors de la construction des autoroutes et avenues. Ce n'est pas un parc au sens strict du terme puisque qu'elle est à peine aménagée, mais la nature y a repris l'avantage sur l'homme en s'appropriant très rapidement ce lieu où l'on peut aujourd'hui observer de nombreuses espèces locales et migratoires alors même que l'on est au cœur d'une des plus grandes villes du continent.
En bons touristes, nous visitons enfin le quartier populaire de La Boca, rendu célèbre grâce à son équipe de foot mondialement connue "el Club Atlético Boca Juniors" où à joué Diégo Maradonna. Mais n'étant pas de grands fans de foot, nous passons sur la visite de "la Bombonera" et nous orientons plutôt vers "El Caminito", haut lieu du tourisme à Buenos Aires. Les façades très colorées typiques du quartier ainsi que les nombreux danseurs de Tango venus se faire photographiés contre un pourboire valent le détour même si l'afflux de touristes et les commerçants insistants gâchent un peu l'image de carte postale et nous font douter de l'authenticité des lieux. Au détour d'une rue, alors que nous sortons des sentiers battus et nous éloignons un peu de la zone touristique, nos soupçons se confirment. Les habitants sont ici très chaleureux et l'ambiance est moins oppressante qu'autour d' el Caminito. Nous sommes super bien accueillis dans un petit bistrot de quartier où les habitués se surprennent à voir deux étrangers à leur table et nos échanges sont ici beaucoup plus sincères. Nous y découvrons enfin l'histoire tout à fait unique de ce quartier aux baraques de tôle très colorées. Influencés par les œuvres de Benito Quinquela Martín, un peintre amoureux de son quartier, les habitants se sont mis à peindre leurs maisons avec des couleurs encore plus vives que celles que Quinquela utilisait dans ses toiles. En réponse, l'artiste se met alors à décorer les rues de La Boca notamment el Caminito, de fresques et de sculptures. Le résultats de ces échanges donne aujourd'hui ces décors surprenants qui rendent hommage à Maradonna ou Carlos Gardel mais surtout à la vie populaire du quartier.
Bien que l'on finisse par se sentir bien dans cette ville, Buenos Aires n'est pas notre maison et, après une semaine passée à arpenter les rues de la capitale argentine, il est enfin temps pour nous de remballer toutes nos affaires dans nos grands sacs postaux et de repartir pour la France où nous attendent familles et amis. Et bien que nous ayons hâte de les retrouver, c'est avec un gros pincement au cœur que nous montons dans l'avion qui nous emmène loin de l'Amérique du Sud et qui marque la fin de cette aventure.


samedi 21 mai 2011

Ruta 3

Nous rejoignons la côte Atlantique au niveau de Rio Gallegos, une étape qui semblait essentielle à notre périple il y a encore quelques semaines, mais qui est maintenant devenue un simple point de ravitaillement. En effet, sa position géographique en fait un point d'accès idéal au "Parque Nacional de los Glaciares", et une étape stratégique sur la route du détroit de Magellan et de la Terre de Feu. Contraints d'abandonner l'idée de rallier Ushuaïa, la ville la plus Australe du continent, faute de temps mais aussi d'argent, nous ne nous attardons pas en ville. D'autant plus qu'il ne nous reste que quelques jours avant de devoir rendre la voiture à près de 1800 km de là, à Neuquén.
Après quelques courses et un plein d'essence, nous repartons donc pour le nord en longeant la côte Atlantique sur la "Ruta 3". Axe tout aussi important que la "Ruta 40", voire plus, puisque qu'il relie l'extrême sud du pays à la capitale tout en longeant la côte Atlantique et ses nombreux ports, la Ruta 3 est quant à elle asphaltée sur la totalité de son parcours. Beaucoup plus fréquentée, empruntée par de nombreux camions, elle n'en est pas moins le théâtre des spectaculaires courses de guanacos avec les véhicules ! Les malheureuses victimes de ces jeux dangereux balisant tristement les abords de la route.
Côtoyant l'Atlantique sur un tracé quasi rectiligne, nous roulons à présent en plein milieu de la Pampa patagone. Partout autour de nous ce n'est que planitude, ponctuée ça et là par quelques troupeaux de moutons et autres arbustes épineux. Le paysage, battu par les vents, s'étend à perte de vue avec pour seuls repères la route dessinant une ligne droite qui semble se prolonger à l'infini et les interminables clôtures séparant les immenses enclos à moutons de la route.
450 kilomètres et 3 virages plus loin, nous voilà à un embranchement qui mène vers le "Monumento Nacional Bosque Petrificado". Intrigués par ce nom repéré sur la carte déjà bien avant notre départ de métropole, et sans doute aussi un peu lassés par tous ces kilomètres d'asphalte, nous partons donc à la découverte de cet endroit étonnant. Après un bivouac qui débutera à la belle étoile en bord de piste, et se terminera entassés dans la voiture à cause d'une averse nocturne, nous reprenons notre chemin au petit matin vers la forêt pétrifiée. Après 50 km de piste de "ripio" (ces gravillons entassés là en guise de route), nous arrivons devant la maison de la gardienne du parc. L'accueil est chaleureux et nous sommes aussitôt invités à entrer dans le petit musée adjoint au site avant de parcourir le sentier qui serpente entre les immenses troncs d'araucaria... fossilisés ! Difficile à imaginer, mais tous ces troncs autour de nous sont en fait d'énormes roches ! Il y a environ 150 millions d'années, à la place de ce paysage aux teintes ocres de volcans éteints et de "mesas" (collines au sommet plat), s'étendait une immense forêt où existaient des arbres gigantesques mesurant plus de 100 m de haut et vieux de plus de 1000 ans. On parle là d'une époque où steppe et cordillère des Andes n'existaient pas encore. Au cours d'une période de grande activité volcanique, les arbres succombèrent à des vents très violents et furent ensevelis sous les cendres et la lave. Suite à l'infiltration des eaux de pluie il furent ensuite pétrifiés, et grâce à l'érosion naturelle ils sont désormais de nouveau à l'air libre. Le phénomène est impressionnant, non seulement par la taille des fossiles, mais aussi de par leur qualité : ce n'est qu'en les touchant qu'on se rend compte que ces troncs, bûches et brindilles sont en réalité des cailloux. Plus tard, la région fût habitée par les premier humains du continent et les alentours regorgent de peintures rupestres et autres pointes de flèches vieilles de plus de 10 000 ans. Autant dire qu'entre l'histoire du lieu et le paysage qui nous entoure on se sent vraiment minuscules... Et on est pas déçu de ce petit détour au nom si mystérieux !

Nous reprenons ensuite la Ruta 3 pour la Réserve de Punta Tombo, qui abrite la plus grande colonie de "pinguinos" de Magellan du continent avec plus d'un million d'individus. Bien que leur période de nidification soit terminée et que les pingouins débutent alors leur migration vers des eaux plus froides, nous espérons tout de même pouvoir observer quelques retardataires pas encore partis vers leurs quartiers d'hiver. Nous quittons donc à nouveaux la Ruta 3 en direction de l'océan pour une centaine de kilomètres de "ripio". Loin d'être la pire portion de piste que notre véhicule a subit depuis le début du périple, ce sera pourtant celui qui aura sa peau puisque les cailloux bondissant auront raison de la pompe à carburant située sous la voiture, dans la seule zone non-renforcée du dessous-de-caisse de notre Corsa... Et là, bien qu'on n'y connait rien en mécanique, une seule évidence : la voiture ne bougera pas de si tôt, et nous sommes au milieu de nulle part ! La dernière estancia croisée est à plusieurs dizaines de kilomètres et la nuit commence à tomber, tant pis pour les pinguinos il nous faudra passer la nuit là et attendre le lever du jour pour partir chercher de l'aide.
Par chance, le lendemain matin, alors que nous nous apprêtons à partir à pied jusqu'à l'estancia, un pick-up vient à notre secours. Il s'agit d'un braconnier et de sa famille en pleine chasse au guanaco. Après avoir tenté de réparer notre voiture avec des morceaux de durites coupés sur son propre moteur, notre dépanneur se propose de nous remorquer jusqu'au premier garage, c'est à dire à Trelew à plus de 100 kilomètres de là ! N'ayant pas de corde, nous fabriquons vite fait, à l'aide des sangles de serrage de nos voiles et de quelques flammes (morceaux de tissu de parapente dont on se sert pour voir la direction du vent), un système permettant de tracter la voiture sur la piste jusqu'à une estancia où nous empruntons une vraie corde. Les 80 kilomètres restant jusqu'à Trelew seront parcourus tranquillement, au gré des nombreux arrêts que nous faisons pour récupérer la viande des guanacos abattus par notre dépanneur. La chasse au Guanaco étant limitée à un animal par famille, notre ami se doit de faire vite mais surtout de ne prendre que les morceaux de valeur sur les bêtes chassées. Mathieu sera donc mis à contribution en tant que porteur de gibier, le tout en essayant de ne pas se faire repérer depuis la route ! Nous finissons quand même par arriver à Trelew, où le premier arrêt sera chez nos compagnons de route qui décident alors de nous inviter à manger avec eux une fois la voiture réparée. Bien sûr, trois européens qui négocient une réparation rapide sur une voiture de location un dimanche ne font pas le poids face à un garagiste capable de nous clouer là pour plusieurs jours, et nous nous retrouvons amputés d'une bonne partie du budget restant pour la fin du voyage. Mais comme toujours dans cette aventure que nous vivons depuis plusieurs mois maintenant, chaque malheur apporte son lot de bonnes surprises et la soirée que nous passons chez nos hôtes à déguster viande de guanaco grillée et bières fraiches restera mémorable. Encore une fois, la solidarité et l'amitié légendaire qui sévissent dans ces contrées reculées et hostiles nous aurons permis de faire une belle rencontre. Alors certes pas de manchots, mais de nouveaux amis et de nouvelles expériences, il n'en fallait pas plus pour nous ravir ! D'autant plus que sans eux nous serions surement encore en train d'errer au gré des pistes à la recherche d'une aide quelconque. Même s'ils insistent pour que nous passions la nuit chez eux, quitte à faire dormir leur fille dans le salon pour que nous profitions de sa chambre, nous n'osons abuser de leur hospitalité et reprenons la route au milieu de la nuit direction la Peninsula Valdes où nous esperons bivouaquer discrètement. Quelques kilomètres plus loin et quelques dizaines de pesos en moins dans les poches, nous entrons enfin dans cette zone protégée qu'est la Peninsula Valdes avec l'espoir d'y voir les fameux manchots que nous avons ratés à Punta Tombo, et surtout les baleines qui commencent à arriver dans le Golfe Nuevo qui leur sert de nurserie.
Après une nuit à la belle étoile, nous entamons le tour de la peninsule. Tout au long de la journée, nous croisons de nombreux éléphants de mer et autres phoques qui se dorent la pilule au soleil sur les plages tandis que renards gris, ñandus, pichis (petit tatou) et mouffettes essayent tant bien que mal de se camoufler dans la végétation rase et éparse de la steppe. Encore une fois, nous profitons de ce spectacle entre nous, basse saison oblige, nous sommes parmis les rares touristes à oser affronter les vents glaciaux du bord de mer. Les premières baleines sont bien là, suivies de près par les orques mais la houle nous empèchera de les observer depuis la terre, l'excursion en bateau avec un tour operator quelconque n'étant une fois de plus pas dans notre optique. Après avoir fait le tour de ce petit bout de terre uni au continent par l'isthme Carlos Ameghino, nous reprennons la ruta 3 vers le nord et plus précisément vers Neuquén où nous arrivons juste à temps pour déposer la voiture et prendre un bus de nuit vers Mar Del Plata, fameuse station balnéaire au sud de Buenos Aires où nous espérons renouer un peu avec la civilisation moderne après ces semaines de road-trip et de bivouacs en Patagonie.